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A Mayotte, sur fond d'immigration clandestine massive, le débat sur le droit du sol enflamme encore les esprits

LE MONDE | 08.10.05 | 13h10  •  Mis à jour le 08.10.05 | 13h10
MAYOTTE de notre envoyé spécial
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L'activité économique s'est singulièrement ralentie à Mayotte depuis une semaine, et la trêve du ramadan, dans cette île à 90 % musulmane, n'explique pas seule une telle apathie. Les travailleurs clandestins, qui faisaient en partie tourner la machine pour des salaires de misère, se cachent. En ce moment, dans les cuisines des restaurants ou les plantations d'ylang-ylang, il ne fait pas bon être d'Anjouan, l'île voisine qui appartient à la République des Comores.

A Paris, le débat relayé par François Baroin, ministre de l'outre-mer, sur un aménagement du droit du sol dans "certaines collectivités d'outre-mer" s'est apaisé après les propos prudents de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy, presque au diapason sur le sujet. A Mayotte, en revanche, il continue d'enflammer les esprits. Lundi 3 octobre, plusieurs milliers de Mahorais ont manifesté à Mamoudzou contre l'immigration clandestine. Une pétition demandant une consultation sur le sujet à recueilli 10 000 signatures.

L'unique député de l'île, l'UMP Mansour Kamardine, est à l'origine de cette mobilisation. "Les Mahorais disent leur exaspération devant le poids de l'immigration" , assure-t-il. Selon une étude de l'Insee, datant de 2003, un tiers des 160 000 habitants de l'île seraient des sans-papiers. Les clandestins viennent travailler mais également se faire soigner, accoucher, scolariser leurs enfants. Ils participent à l'insécurité et engorgent les prisons (70 % de la population carcérale).

Les réformes du droit du sol, soutenues par M. Kamardine, concerneraient, sur cette seule île et sur ces cinq dernières années, 24 000 enfants nés de parents en situation irrégulière. Si elles ne sont pas décidées, estime le député, les Mahorais seront minoritaires dans dix ans. L'élu aspire donc à ce que soit reconnue cette singularité et "couper l'autoroute de l'immigration" .

Depuis quelques temps, la droite locale s'est emparée du malaise et se livre à une surenchère verbale. Ce discours reçoit l'assentiment d'une large partie de la population. A la fin du mois de septembre, une manifestation de clandestins dans les rues de Mamoudzou a dégénéré, alimentant un peu plus le ressentiment.

Alors rares sont ceux qui osent s'opposer à cette campagne, comme Saïd Ahamadi, maire de Koungou et proche des socialistes, qui dénonce "une chasse à outrance" et "des arguments fallacieux et xénophobes" . "Les Comoriens qui viennent ici ne cherchent pas une nationalité mais un espoir" , assure-t-il. "On ne peut pas résoudre les problèmes dans la passion" , estime pour sa part Saïd Omar Oili, président sans étiquette du conseil général. "Est-ce que la lutte contre l'immigration peut être un programme politique ? La question vaut à Mayotte mais également dans le reste de la France" , poursuit l'élu.

"Les politiques relaient publiquement un ras-le-bol qui s'exprimait jusque-là dans le cercle familial" , constate Jean-Paul Kihl, préfet de Mayotte. Face à cette ébullition, l'Etat montre ses muscles. Les mesures de police ont été singulièrement renforcées. Les moyens maritimes et terrestres ont été augmentés. 8 500 reconduites à la frontières ont été ordonnées en 2004, soit plus de la moitié de ce qui s'est fait dans l'ensemble de la métropole la même année. "Mais si on ne participe pas activement à travers une coopération régionale à sortir les Comores de sa situation économique, on ne réglera pas la question" , concède M. Kihl.

Le PIB par habitant des Comores est cinq fois moins important que celui de Mayotte. Mais celui de Mayotte est dix fois moindre que celui du reste de la France. Du coup, l'île est également confrontée à une émigration massive. Des Mahorais partent par milliers en métropole ou à la Réunion, afin de bénéficier de salaires plus attractifs ou d'avantages sociaux inconnus (RMI, allocations chômage) ou majorés (prestations familiales). Du coup, à la Réunion, se développe envers ses arrivants soupçonnés d'être des profiteurs un ostracisme que des élus n'hésitent pas à leur tour à entretenir.

Benoît Hopquin (avec notre correspondant Laurent Canavate)
Article paru dans l'édition du 09.10.05
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